https://francoisruffin

#115mallabori18/09/2024 15:57
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https://francoisruffin.fr/fin-de-parti/

À la base il me semblait que dans ce billet de blog, après les grandes considérations morales, Ruffin ne proposait rien qui ne soit pas déjà fait ou compatible avec la FI, mais en fait si, il a une proposition très claire : qu’on parle moins de racisme, encore moins d’islamophobie, qu’on esquive sur la Palestine et l’impérialisme en général.

C’est assez clair ici

>D’où, en effet, depuis deux années, ma colère. C’est un désaccord moral, d’abord. « Perdre les ouvriers, ce n’est pas grave », disait le président Hollande. Mais si, pour nous, c’est très grave : ce n’est pas seulement perdre des électeurs, c’est perdre notre âme, c’est perdre le fil de notre histoire. Aux législatives, 57% ont voté RN, contre 21% pour la gauche. Quand, en 1981, ils étaient 80% à voter François Mitterrand… C’est pire dans les hôpitaux, une hémorragie : chez les soignants, le vote RN a doublé en sept ans, 35%. Il a triplé chez les fonctionnaires territoriaux. Nous devons les ramener, les rechercher, tous les travailleurs, tous, sans distinction. Sur une base de classe, comme le fait la gauche dans sa tradition, et non selon une division, un tri du pays par les lieux d’habitation ou les origines.

il veut tout bonnement revenir à la stratégie « class-first ».

On peut se poser la question de si la gauche peut esquiver ces questions sans perdre son âme. Dans un contexte de génocide en Palestine avec le concours de tous nos gouvernements occidentaux, se taire ou bien faire le service minimum est-il moralement acceptable ? « Perdre les ouvriers, c’est perdre son âme », mais perdre les enfants palestiniens ou les musulmans de France ça n’a pas l’air de déranger Ruffin en tout cas.

Ensuite, même de façon cynique, il est probable que sa stratégie soit vouée à l’échec.

en effet comme résumé dès les premiers chapitres du livre « Extrême-droite : la résistible ascension » qui vient d’être édité par l’institut La Boétie, le bloc d’extrême-droite en France réunit deux groupes aux intérêts en partie divergents, à savoir une partie de la bourgeoisie libérale et une partie des ouvriers et employés. Les premiers sont pour terminer la transition au libéralisme économique tandis que les seconds souhaitent être protégés des conséquences de ces politiques. Le ciment qui fait tenir ce bloc instable est une promesse raciste : la promesse de faire reposer le poids des réformes néolibérales uniquement sur les « assistés », les gens « pas assez Français » etc. bref les racisés et de préserver le statut des petits Français blancs.

Ce « pacte racial » constitue le socle du vote d’une fraction des classes populaires intermédiaires pour le RN. Contrairement aux croyances, les gens de classes pop qui votent RN sont généralement des gens qui ont toujours été à droite : la conversion d’ouvriers de gauche au RN est un mythe, en réalité ils existent mais sont très minoritaires.

Ainsi le bloc de gauche, et en particulier la gauche de rupture, a face à elle un bloc parcouru de contradictions mais cimentés par l’idéologie raciste qui consiste à faire payer les travers du capitalisme néolibéral aux Noirs et aux Arabes. De plus, les gens constituant ce bloc ont non seulement des idées de droite sur l’immigration et le racisme, mais se reconnaissent également dans les valeurs de droite concernant le travail : le revenu récompense le travail et la valeur des individus, condamnation de l’assistanat, collaboration avec le petit patronat plutôt que conflit, etc. L’électorat RN ne croit plus aux promesses d’émancipation de la gauche et par résignation, ne les poursuit plus et cherche plutôt à rester dans sa position « intermédiaire » entre les riches d’un côté et les migrants ou les chômeurs de l’autre, ce qui implique d’appuyer sur la tête de ces derniers.

La stratégie class first de Ruffin consiste donc à continuer d’essayer de rallier aux mots d’ordre de la gauche traditionnelle des électeurs qui sont plutôt ralliés aux valeurs néolibérales ; le tout sans s’attaquer à la raison profonde de leur acceptation et de leur résignation, à savoir l’espoir qu’à travers le travail, ils peuvent garder leur situation intermédiaire et leur dignité, et ne pas tomber au niveau des migrants, des habitants pauvres de banlieue et des chômeurs.

C’est pas dit que cet exploit soit possible et la défaite de Roussel comme la réélection à un cheveu près de Ruffin sont peut-être des indices dans ce sense, même s’il faut rester prudent.

En résumé Ruffin n’a visiblement pas compris les analyses sociologiques qui sous-tendent la stratégie de leaders de la FI, qui ne sont pas stupides, et ont choisi de combattre le bloc d’extrême-droite sur le double terrain de l’anticapitalisme et de l’antiracisme. Pour ce faire, leur cible stratégique première est l’électorat le plus susceptible d’être convaincu, c’est-à-dire la jeunesse et les banlieues de grandes villes, qui ont beaucoup plus de chance d’être ramenés à gauche en masse (et ont commencé à l’être) que les votants RN. Ruffin y voit une « faute morale » mais IMO il dit ça pour les caméras : tout le monde fait des stratégies, et pour qu’il y ait faute morale il faudrait qu’il y ait trahison des ouvriers blancs dans le programme ou dans les choix politiques de la FI ; où Ruffin voit-il une telle trahison ?

#126onfeuh20/09/2024 11:23

ça me tabasse que le truc soit formulé implicitement entre "soi on est anti-raciste soi on récupère le vote des ouvriers blancs"

quel manque d'imagination

#135mallah29/09/2024 12:28

il a vraiment plus rien à montrer intellectuellement

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